Pour résoudre cette tension, il faut réfléchir les projets d’urbanisme en incluant les besoins et les désirs des habitants.
Pour Benjamin Delaux (Fondateur de habx), cette écoute des besoins est fondamentale pour construire la ville d’aujourd’hui et de demain. Il faut pour cela savoir utiliser les moyens et les technologies mis à notre disposition, notamment les data, qui permettent de mettre en perspective les désirs immatériels avec les capacités de construction à l’échelle des habitations, mais également du quartier et de la ville.
Alain Maugard (Président de Qualibat) va dans ce sens. Pour lui, nous sommes en train de vivre une passation de pouvoir entre les aménageurs et les citadins.
Alors que jusqu’à récemment les aménageurs pensaient les usages des espaces communs selon leur projection dont ils voyaient les gens vivre en ville, l’événement majeur aujourd’hui est la prise de pouvoir des citadins, qui donnent leurs envies, leurs besoins : une ville adaptable, qui devient un cadre que les citoyens ont le droit de changer.
Pour Sonia Lavadinho, cette importance prise par les habitants dans leurs choix est corrélé au fait que nous vivons de moins en moins dans une économie de masse et de plus en plus dans une économie de niches, qui sont multiples.
Alors que nous avons beaucoup vécu dans des styles de logements - qui impliquent donc des styles de vie - massifiés, cette situation n’est plus possible dans le futur. Cette évolution est notamment due à l’allongement de la durée de vie, qui implique que nos besoins et envie changent plusieurs fois tout au long d notre existence.
Tous insistent sur cette évolution très forte dans la construction des habitations.
Pour Alain Maugard, c’est le retour des espaces pensés pour le commun, décidés et gérés par les habitants. En prenant comme illustration le grand succès des espaces partagés et de l‘économie du partage.
« Ce n’est pas l’individualisme qui est porté en premier, mais ce qui peut rapprocher ceux qui ont envie d’avoir un projet commun »
Pour Christian Cleret, il faut par ailleurs avoir une réflexion sur les immeubles adaptables, susceptibles de répondre aux évolutions des besoins des individus, des citoyens, qui doivent doivent devenir des plateformes de services, modulables. Et l’espace publique doit lui laisser des degrés de liberté et d’appropriation importants.
En illustration, Benjamin Delaux évoque le projet Edison Lite, Lauréat de Réinventer Paris, véritable concentré d’innovation sociale dans sa construction, et qui place l’habitant et son bien être au centre de sa réflexion : 5 espaces partagés, des appartements configurés selon les besoins des habitants, des charges de co-propriété payées par la location d’un commerce en bas d’immeuble…
Pour lui, il est nécessaire d’imposer ce changement qui permet du mieux vivre et de passer d’une économie de l’offre à une économie de la demande.