21 janv. 2020

Vie Urbaine, Vi(ll)e Humaine #1 : Métropolisation et choc démographique : la ville, enjeu du 21ème siècle.

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Retrouvez l’essentiel de la première émission organisée en partenariat avec Radio Immo.

Mobilité, inclusion, climat, démographie… tant de défis auxquels doit répondre la ville du XXIè siècle.

Comment construire une urbanité tout en conservant son humanité ?
Comment l’immobilier peut devenir le relais privilégié entre la ville et l’humain ? Quel avenir voulons-nous construire ? Quelle vie voulons-nous ?

Autant de questions auxquelles le cycle d’émissions « Ville Urbaine, Vi(ll)e Humaine" aspire à répondre, ou du moins à suggérer des pistes de réflexion.

Pour cela des invités apporteront leur regard et leur analyse sur l’urbanité de demain : architectes, promoteurs, entreprises de la tech, aménageurs publics et privés, sociétés de services, sociologues, anthropologue, philosophes et politiques etc …

Dans cette première émission, les invités Bertrand de Feydeau (Président de la Fondation Paladio), Chris Younes (Philosophe, professeure à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette et à l’École spéciale d’architecture), Jean Carassus (FRICS, Professeur à l’École des Ponts ParisTech, Directeur du Mastère Spécialisé) ont échangé avec Christian Cleret et Benjamin Delaux sur les grands défis de la ville de demain.

Métropolisation et choc démographique : la ville, enjeu du 21ème siècle

Le secteur de l’immobilier doit faire face à de nombreux grands défis dans les 30 prochaines années, qui imposent de s’interroger sur des mutations impératives et l’évolution de la ville de demain. Les invités de l’émission s’attardent sur quelques uns d’entre eux : le défi démographique, le défi environnemental, le défi de la mobilité, et le défi technologique.

Un défi démographique

Comme l’explique Benjamin Delaux en introduction d’émission, tous les défis auxquels nous allons être confrontés ont comme origine l’explosion de la population mondiale.
En effet, la population mondiale devrait doubler dans les 30 prochaines années. De 7,7 milliards d’habitants aujourd’hui (dont 50% urbains), nous passerons à 9,7 milliards en 2050 (avec 80% urbains).

Ce constat pose évidemment un très grand nombre de questions sur les mutations nécessaires à opérer sur l’évolution de la ville, des quartiers et des logements de demain, avec des enjeux très importants de développement durable, d’inclusion sociale, de bien être, de mobilité…

Nous sommes aujourd’hui tous des urbains, ou que nous habitions. Certains vivent la ville positivement et d’autres la subissent en en étant exclus.

Bertrand de Feydeau, Président Fondation Paladio

Bertrand de Feydeau, Président Fondation Paladio

Jean Carassus illustre ce défi par quelques chiffres sur la consommation des ressources de la Terre. En 1960, nous étions 3 milliards d’humains sur Terre et nous consommions 70% de la biocapacité de la planète. Aujourd’hui, alors que nous sommes 7,5 milliards, nous consommons 1,6 fois cette biocapacité.

Nous piochons donc déjà dans le capital de la Terre.

Continuer sur cette tendance sans changement est impensable lorsque nous serons presque 10 milliards en 2050. Il faut donc un changement radical d’approche.

Il rappelle par ailleurs un fait important : l’impact sur la biosphère dépend du pouvoir d’achat, et il est important de faire la distinction de consommation en fonction des niveaux sociaux. En effet le 1er quintile de la population consomme 10 tonnes de CO2 par an et par personne, alors que le dernier quintile en consomme 3,5 tonnes.

Il est impératif de passer du marketing produit du 20e siècle à un Monde un peu plus frugal.

Benjamin Delaux, Fondateur de habx

Benjamin Delaux, Fondateur de habx

Un défi d’urbanité

Pour Chris Yunes - Philosophe de la Ville, nous devons réellement nous demander comment vivre ensemble, en rapport avec toutes les autres formes de vie ?

Toutes les questions qui se posent au plus près de l’habitat sont les mêmes à l’échelle du quartier, du village, de la ville… : comment vivre ensemble ? comment rechercher des nouvelles formes de proximité? Comment cohabiter ? Comment partager?

Chris Younes,

Chris Younes,

La responsabilité de la ville est - à minima - partagée entre les acteurs étatiques, les constructeurs et les urbains eux-mêmes. Il faut un bon équilibre entre ces 3 catégories d’acteurs, pour converger vers “l’urbanité”, terme qui intègre la ville dans sa construction, les habitants, et leur mode de relation.

La question qui se pose est donc la suivante: Comment allons nous arriver - par le jeu du politique, par les acteurs de la construction , mais surtout par le mode de vie des gens - à restituer les relations entre les personnes qui constituent la ville ?

Pour Bertrand de Feydeau, les citoyens ont un pouvoir pour faire évoluer notre consommation, nos manières de nous déplacer… qu’ils peuvent exploiter sans attendre l’autorisation de l’Etat (exemple : l’explosion de la consommation de produits bio)

La question de la mobilité au coeur de la réflexion de l’urbanité.

L’urbanité d’aujourd’hui est la conséquence directe de l’essor de l’automobile des dernières décennies, qui a été centrale dans la construction de la ville. Mais avec comme conséquence le démembrement des territoires, la désertion des villages, les bourgs, les villes moyennes, au profit d’un étalement urbain et d’une métropolisation qui “galope plus vite que la démographie”.

Pour Chris Younes, le fait de poser la question sur la mobilité pose la question du devenir urbain dans sa globalité. Il faut s’interroger sur le côté Barbare du devenir urbain, qui exclut beaucoup de monde, qui détruit, qui épuise (les milieux écologiques, environnementaux et l’intimité personnelle).

Pour Bertrand de Feydeau, il existe 2 éléments constitutifs de la question de la mobilité : la distance et la fréquence.
Beaucoup de nos mobilités correspondent soit à nos habitudes, soit à des structurations qu’il faut remettre sur la table, car on n’a pas forcément besoin de tant se déplacer. Il faut donc pouvoir répondre à la question : Qu’est ce que l’on peut faire sans se déplacer ?
En prenant l’illustration des nouvelles formes de travail et la généralisation du télétravail qui n’impacte pas négativement la productivité, mais a au contraire de nombreux effets positifs : limitation des déplacements, de la fatigue…

La solution passe par la proximité. Il y a un besoin de proximité et une des clés de ce sujet de la mobilité est la densité : Il faut densifier la ville pour permettre aux urbains d’avoir accès à leurs besoins sans mobilité.

Jean Carassus,

Jean Carassus,

Pour Benjamin Delaux là encore, la question des mobilités pourrait être réglée par une meilleure prise en compte des modes de vie de chacun.
Une meilleure écoute des besoins et usages des habitants pourrait nous permettre de vivre dans des endroits où l’on limite nos besoins de mobilité, où l’on se sente mieux.

Pour Christian Cleret, cette évolution est déjà en cours, et apporte un point de vue positif. En effet, selon lui, nous quittons une période où, sous le règne de la reine automobile, nous avons conçu un urbanisme fonctionnel en séparant 3 grands pôles : habitation, emploi et loisirs / commerces, en nous déplaçant en voiture entre chacun de ces 3 grands pôles.
Aujourd’hui ce schéma urbanistique tend à être révolu, avec la poli-fonctionnalité de tous les quartiers, et la baisse sensible du besoin en voiture dans les villes.

Un défi technologique

Les métiers de l’immobilier doivent aborder une réflexion profonde sur leur mode de fonctionnement.

A la fois pour imaginer une ville de demain qui soit plus agréable, mais également pour soutenir la concurrence avec un certain nombre d’acteurs privés, notamment les géants du numérique qui changent les habitudes de chacun, et qui ont des conséquences sur le mode de faire et le mode de vivre. La révolution numérique bouleverse les usages et les attentes, il faut s’y adapter au risque de se faire définitivement doubler par le privé.

Pour Benjamin Delaux, cela passe par un changement d’approche. Il ne s’agit plus de construire des produits qui soient pré-pensés, ou l’on dicte l’usage à tout un chacun, mais de co-construire des offres qui puissent permettre à l’usager de se sentir bien bien en adéquation de son mode de vie.
Il faut désormais savoir écouter les besoins de chacun.

Il ne faut pas uniquement réfléchir à une numérisation des modes de faire et des outils du 20è siècle, mais amener sur la table des idées qui permettent de construire et de fabriquer ce que sera l’immobilier du 21è siècle.

Benjamin Delaux, Fondateur de habx

Benjamin Delaux, Fondateur de habx

En guise de conclusion de cette première émission

Si nous sommes sur la bonne voie, avec un certain nombre d’initiatives, la ville d’aujourd’hui est surtout encore exclusive, relevant le centre des villes aux catégories les plus aisées.
Les constructeurs de la ville d’aujourd’hui et de demain doivent de manière impérative se pencher sur ces grands défis imposés par l’urgence démographique et écologique. En seront-ils capables ? Nous le saurons très vite. D’autant plus que, pour Christian Cleret, “les générations futures nous regardent et nous poussent”.

Mais ces défis sont aussi des formidables opportunités pour le secteur.

Une des clés de la réussite, toujours pour Christian Cleret, est de sortir d’une vision très parcellaire, sectorielle des problèmes. Or il n’existe aucune structure administrative qui peut avoir une vision globale des enjeux sur la métropole, ce qui est un manque.

Pour Benjamin Delaux, la ville de demain doit se résumer à ces 3 ambitions : proximité, frugalité , fraternité

21 janv. 2020
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